Yeah, I killed my Mama...
Réalisation : John McNaughton
Pays : États-Unis
Année : 1986
Durée : 83 minutes
Imdb : tt0099763
Henry, portrait d'un serial killer est un film basé sur la vie et les "exploits" macabres de l'un des tueurs en série les plus monstrueux de toute l'histoire des Etats Unis: Henry Lee Lucas. Comme tous les serial killers Henry (Michael Rooker) possède un double visage, celui d'un homme ordinaire sans histoire, et un autre qui l'entraine dans une folie meutrière sans précédent en compagnie de son ami et "collègue" Otis Toole (Tom Towles). (Affiche visualisable en cliquant sur le logo).
Il ne va pas être évident de parler du métrage de John McNaughton datant de 1986 et qui n'est sorti en salle qu'en 1990 ! La censure n'a pas trop appréciée le film, et c'est peu dire ! Pourtant, et avec le recul nécessaire, Henry (on va le nommer comme ça pour que ce ne soit pas trop long à chaque fois sachant qu'en plus c'était le titre original à la base) n'est pas un film d'horreur au sens propre du terme. D'ailleurs, si je le classe dans cette catégorie c'est uniquement en signe d'avertissement pour un public non averti. Henry est en fait un drame. Un drame horrible je le concède, mais comme pour un certain Massacre à la Tronçonneuse, l'horreur n'est pas dans le gore à outrance montré à l'écran mais c'est l'histoire en elle-même.
Bien qu'il fasse quasi-documentaire, Henry n'est pas la retranscription de la véritable histoire concernant le tueur en série bien réel qu'a été Henry Lee Lucas. Les prénoms de personnages ayant existés ont été repris (Henry, Otis et Becky) et c'est tout ce qui peut se rapporter à la réalité. Ce n'est donc pas à proprement parler "une histoire vraie" sur la folie meurtrières des deux tueurs en série qu'étaient Henry Lee Lucas et Otis Toole. Dès le départ le film est honnête à ce sujet contrairement à d'autres qui commencent avec cette phrase vendeuse mais mensongère au possible. Le comble dans tout ça, c'est que le film de John McNaughton bien que complètement fictif sur les faits est ce qui se fait de mieux dans sa catégorie, c'est à dire film sur ce qui est devenu une "mode" après Le Silence Des Agneaux : les tueurs en série.
Attention de ne pas prendre mal ce que je vais dire car je sens que certains vont voir leurs poils se hérisser. Henry, contrairement à des films comme Seven ou encore Le Silence des Agneaux n'est pas grand-guignolesque. Je veux dire par là que les tueurs de John McNaughton sont encrés dans la réalité contrairement à un Hannibal Lecter et un John Doe qui n'existent pas. Oui je sais vous vous dites que je suis à la masse et que vous savez bien qu'ils n'existent pas ! Ce que je veux dire c'est que des tueurs si intelligents, raffinés, sophistiqués, etc... ne sont que des inventions littéraires et cinématographiques. Dans les faits, Henry ne boxe pas dans la catégorie du tueur fantasmé pour faire classe, il est au contraire le reflet d'une horrible réalité.
L'histoire en elle-même n'a ni début ni fin en quelque sorte. On assiste au croisement de trois personnes aux vies médiocres jusqu'à la séparation de leur chemin respectif. Dès le départ, on sent que la vision de ce film sera différente de tout ce que l'on a pu voir auparavant. On a juste le titre avec cette musique si particulière qui sera indissociable du métrage et surtout inoubliable par la suite. Immédiatement on se retrouve face à des scènes de crimes avec pour fond sonore ce qui semble s'être passé. C'est froid, sans vie, comme ces corps exposés et ce côté dérangeant ne quittera plus le spectateur jusqu'à la fin de la projection.
Oui, Henry est une véritable descente dans l'innomable. Lorsque Becky (Tracy Arnold) aborde le sujet de la mort de la mère de Henry après les révélations faites par Otis et ce seule face à Henry, on est tout sauf rassuré. C'est malsain au possible. Surtout que John McNaughton ne prend jamais parti. Il montre simplement le quotidien d'une personne qui tue semble-t-il non pas par plaisir mais par besoin, comme celui de manger ou boire. Le plaisir de tuer sera plutôt représenter par Otis qui lui semble réellement prendre son pied après avoir été "converti" par Henry (je vous laisse découvrir). Ces deux personnalités donnent la nausé avec un pic d'une intensité rarement atteinte dans un film lorsque ces deux tueurs regardent leurs méfaits sur la télévision. Là, le spectateur est comme eux sur son canapé à regarder l'insoutenable et est mis en face de son propre voyeurisme... Un coup de point dans l'estomac qui ne laisse pas indemme.
Le film reposant principalement sur ses trois personnages principaux, on peut dire clairement que si Henry est une réussite c'est surtout et avant tout grâce à leurs interprétations. Michael Rooker dans le rôle de Henry n'est même pas incroyable. Je pense que ce rôle est devenu indissociable de sa personne. A chaque fois que je le vois dans d'autres films, impossible de ne pas penser à Henry. Otis interprété pat Tom Towles est tout aussi excellent. A la limite du débile, ce personnage qui n'a pas inventé le fil à couper le beurre (c'est peu dire) est tout aussi effrayant. Puis il y a aussi Tracy Arnold dans le rôle Becky la soeur d'Otis, elle aussi victime d'une vie médiocre et qui n'arrive pas à en sortir... Bref, un trio qui se croise et qui avec de telles personnalités n'a qu'un équilibre très précaire au niveau relationnel.
Oh non, ce n'est pas la valise RTL (faut décompresser)
Henry, portrait of a serial killer est un chef d'oeuvre. Je pèse mes mots. Tourné seulement pour approximativement 100 000 dollars, le film va à l'essentiel et est magnifiquement mis en scène. Franchement, à part peut-être Maniac, aucun autre film ne lui arrive à la cheville. Si vous ne l'avez jamais vu, cela est plus que dommageable. Mais attention, bien que l'horreur ne soit pas montrée comme la gratuité d'un torture porn, celle-ci est bien plus viscérale donc... marquante et inoubliable. Si je devais créer une liste des cinq films les plus cultes que j'ai vu dans ma vie, Henry y figurerait sans aucun problème.