06 juin 2011
They Live We Sleep
Réalisation : John Carpenter
Pays : États-Unis
Année : 1988
Durée : 93 minutes
Imdb : tt0096256
John Nada (Roddy Piper) parcourt les routes à la recherche de travail comme ouvrier sur les chantiers. Embauché à Los Angeles, il rejoint un bidonville où il va entrer en possession d'une paire de lunettes hors du commun. Elles permettent de voir la réalité telle qu'elle est : le monde est gouverné par des extra-terrestres. (Affiche visualisable en cliquant sur le logo).
"Qu'il s'agisse des conservateurs ou de certains producteurs, les aliens d'Invasion Los Angeles représentent de façon plus générale une forme de capitalisme sauvage et jusqu'au-boutiste que je déteste. Un capitalisme que l'on retrouve aujourd'hui à tous les niveaux de la société et qui nie finalement l'individu" John Carpenter.
Je préviens tout de suite, avec Invasion Los Angeles (titre "français"), je ne prendrai pas de gants. C'est inutile et surtout une énorme perte de temps. Et comme je l'ai toujours dit, mes articles n'ont pas pour but de me faire des ami(e)s. Contrairement à tous ses autres films, They Live (on va rester avec le titre en VO, en plus c'est plus court à écrire) n'est pas une suite, ni un remake, ni un western déguisé ou autre chose. They Live est un cri, le résultat d'une colère à plusieurs niveaux le tout couché sur pellicule.
Fasciste. Dès que j'entends ce mot, ça me fout la haine. La haine sur le connard utile (au système) qui le prononce pour toutes les raisons possibles et imaginables. Hommes politiques, militants de partis, journalistes... chacun y va de son petit mot fasciste pour démolir toute personne pensant différemment (un comble non ?). Mais ces mêmes personnes, au pouvoir (ou espérant y accéder pour faire la même chose) ou aux manettes de la lobotomie de masse (journaux, TV...) se gossent à essayer de faire revivre des fascismes morts et enterrés depuis des lustres pour se faire mousser/exister mais ne vont jamais s'en prendre au véritable fascisme de notre époque bien réel lui avec lequel ils collaborent tous.
Carpenter pur jus !
Le seul véritable fascisme qui existe encore bel et bien et qui n'a jamais été aussi destructeur est de forme économique, représenté par plusieurs éléments comme une bête à plusieurs têtes : la banque fédérale américaine, les banques, Wall Street, le FMI (qui n'a qu'un objectif, endetter/plumer toutes les nations) et j'en passe. Oui, c'est ce véritable fascisme que couvre la majorité de la classe politique et les connards utiles (anti-fascistes, extrême gauche...) que Carpenter dénonce par le biais de la Science-Fiction en symbolisant ce mal par des extra-terrestres...
Comme d'habitude avec Carpenter, il nous livre son anti-héros individualiste en la personne de l'ancien catcheur Roddy Piper. Il se nomme John Nada, et ce nom n'est pas innocent, nada signifiant rien en espagnol. Et en effet, John Nada, du point de vue de la société n'est rien. Marginal, laissé pour compte de cette Amérique reaganienne qui peuple ses bidonvilles. Carpenter et Reagan, ca fait deux ! Cela n'empêche pas notre anti-héros d'être optimiste ! "Je crois en l'Amérique !" dit-il. Mais ça, c'était avant de prendre conscience du véritable monde qui l'entoure.
J'les mets pas j'reste une merde, j'les mets j'suis foutu
En 1988, pas besoin de pillules bleues ou rouges, mais ce sera par le biais de lunettes de soleil qu'il sera possible de découvrir notre environnement tel qu'il est. Intriqué et curieux (ce qui va le mener aux fameuses lunettes) le je-m'en-foutiste John Nada va de fil en aiguille devenir le sauveur du monde, rien de moins ! Mais avant d'en arriver là, il va lui falloir convaincre Frank (Keith David déjà croisé dans The Thing) qui lui avait précédemment tendu la main, mais ce ne sera pas une mince affaire !
En effet, celui-ci (Frank) n'est quelque part que le reflet d'une majorité de personnes actuelles, c'est à dire qui ne veulent pas savoir et garder leur train train quotidien même si celui-ci n'est pas ce qu'il y a de mieux. Et d'ailleurs, comme le dit Frank avant la fameuse scène de la bagarre : "Non, tu ne vas rien me montrer du tout. J'ai une femme et des gosses moi". Scène charnière du film, continuer à être esclave passif ou choisir de se libérer de cet asservissement mais avec tout ce que cela implique par la suite ? Se mettre à réfléchir ou allumer TF1 ? Désolé, pas pu m'empêcher.
"A l'époque, ma rage n'était pas dirigée contre un studio en particulier ou un producteur. Ce qui me rendait fou, c'était plutôt l'état dans lequel se trouvait alors le cinéma américain. J'étais révolté par ce qu'on proposait aux spectateurs mais aussi pas l'apathie du public en général. Un public qui n'accepte plus l'originalité et qui se rassure en consommant bêtement des formules toutes faites. D'une certaine façon, je me suis maintenant fait une raison, mais c'est quelque chose qui continue toujours de me révolter" John Carpenter.
En 2011 je ressens la même chose dès que je l'allume
Il est clair qu'après l'échec commercial cuisant de Big Trouble in Little China et auparavant de The Thing, ça la fout mauvaise. Puis il y a aussi cette satanée télévision de merde, qui n'impose que des contraintes pour que l'avenir d'un film après la case cinéma puisse continuer chez elle. Ne pas choquer un public jeune, ne pas dépasser une certaine durée... bref une standardisation qui tend au final à faire se ressembler chaque film. Oui, ça s'appelle de la merde.
Putain, j'suis grillé avec mon article !
Impossible du coup de ne pas s'intéresser au personnage de Holly Thomson incarné par la sublime Meg Foster (putain ce regard !) travaillant à la télévision. Début du spoiler c'est qu'elle entube bien son monde la Holly, qui laisse penser au spectateur qu'elle a aussi basculée dans la rebellion grâce aux lunettes laissées par John dans son appartement. Ben non, elle blouse bien son monde mais en même temps, n'était-ce pas évident dès le départ connaissant son travail ? Cette naïveté de pouvoir croire au moins une fois un journaliste dans sa vie... sacré John, on ne se refait pas fin du spoiler.
La vérité n'apparaît jamais au meilleur moment
Oui, They Live est véritablement un cri, un défoulement qui ne brosse pas dans le sens du poil et c'est d'ailleurs pour cela qu'il est cultissime. Le meilleur John Carpenter ? Difficile à dire avec la filmographie du bonhomme mais en tout cas, le plus subversif ça c'est certain ! Il semblerait qu'un remake soit à l'odre du jour. Mon Dieu, s'il y a bien un film qui ne peut supporter un remake, c'est bien lui ! Le remake étant toujours un divertissement qui détruit systématiquement les allusion "dérangeantes" en les supprimants délibérément ou pire en les travestissants pour tuer le propos original, l'idée d'un remake de They Live n'est même pas une hérésie. A voir ou revoir d'urgence !
Commentaires
Film très marrant en effet, avec son côté subversif tout à fait sympathique. Cependant, je soulignerais un léger problème de rythme, le film étant au final un peu lent (il y a beaucoup de scènes de marche sur une musique rock, des évènements qui peinent à arriver... Mais sur le plan originalité et thématique, c'est énorme. Du Carpenter comme on l'aime !
Le film le plus subversif de ce cher Carpenter!! Mais je ne suis pas d'accord avec toi, je pense que comme la majorité de ses films, They Live est un western déguisé, un bon gros film d'action bien bourrin ou se mêle à la fois humour et subversion et ou on retrouve une fois de plus la mise en scène irréprochable de Big John, un chef d'oeuvre une fois de plus et un de ses meilleurs films.
On ne vous dit pas tout
Merci Leatherface pour avoir chroniqué ce film
C'est vrai que c'est le film critique l'Amérique de Reagan et la manipulation de masse des médias, mais il reste avant tout un superbe film de SF avec un look cadavre robotique particulièrement réussi des Aliens
Quand on le compare à un film d'invasion Alien récent comme Battle Los Angeles, on se dit que le cinéma, c'était mieux avantC'est un film interessant. Mais le coté politique est un peu caricatural voire démagogique. Les sans grades, les petites gens face aux puissants.
Finalement, je ne sais pas vraiment ce qu'a voulu dénoncé Carpenter: le capitalisme sauvage et/ou une certaine forme de société uniformisée controlée par de la propagande (on est dans les années 80 et la guerre froide est présente).
Et que dire de la rixe qui dure dix minutes, tout ça pour démontrer que la démocratie est un long combat de chaque instant afin d'ouvrir les yeux aux citoyens (mets les lunettes répète John Nada).
Pas mon préféré de Carpenter, mais je l'aime bien quand même ce film.
Vivement le remake, j'espère que le héro fera des coups de pieds retournée et que ce sera Colin farell.